« Traverser la nuit » de Jo Frehel

4e de couverture:

«Dans les années cinquante, deux enfants, François, un jeune Parisien, et Uma, une petite indienne de basse caste, connaissent un traumatisme d’enfance. Ces blessures précoces étendent, sur leur vie d’adulte, une longue nuit. Deux histoires dramatiques se déroulent en parallèle et à des milliers de kilomètres l’une de l’autre. Bien des années plus tard, le destin réunit François et Uma. De cette rencontre naîtra peut-être, pour ces deux êtres fragiles, une nouvelle confiance dans la vie ? Traverser la nuit est un roman psychologique et une histoire d’amour.»

Traversez la nuit jusqu’au petit matin… 

Mon avis:

Le destin croisé de deux enfants du même âge, vivant dans deux pays diamétralement opposés à tous points de vue : François vit à Paris, il est le fils d’un couple de classe moyenne au sortir de la guerre, et Uma est une petite fille — avec tout ce que cela implique dans une Inde de castes —, au sein d’une famille de petits paysans pauvres du Maharashtra. Le récit se déroule sur plusieurs décennies.

Malgré tout ce qui les sépare, François et Uma ont une chose en commun : une souffrance profonde causée par un traumatisme dans leur enfance respective. Ce genre de souffrance qui conditionne l’avenir de ces deux êtres et les empêche d’être en paix avec le monde comme avec eux-mêmes.

On suit des moments clé de leur enfance, de leur adolescence, leurs difficultés à vivre qui n’ont pas la même valeur en France et en Inde, leur entrée dans l’âge adulte, les épreuves, les écueils, les espoirs, les désillusions, les images tenaces du passé. Jusqu’au moment où… mais vous le découvrirez vous-mêmes en lisant ce livre que je vous recommande vivement et que je n’ai pas pu lâcher jusqu’à la fin.

Et ses personnages deviennent nos enfants, nos frère et sœur, nos amis, tant leurs vies nous imprègnent. Ces deux existences, vécues à des milliers de kilomètres l’une de l’autre, se répondent par intermittence, si différentes, mais peut-être plus par la rigidité de leurs conditions respectives que par la réalité-même de leur déroulement. Le rejet de soi-même pour échapper à cette vertigineuse contradiction, par instinct de survie, comme pour se préserver. Mais pour quoi ? Une lueur d’espoir si infime qu’on ne peut pas l’espérer puisqu’on ne la voit nulle part.

Et puis, François et Uma étaient destinés à se rencontrer, comme si cette infime lueur d’espoir s’était échappée, à leur insu, de leurs inconscients et avait navigué dans l’Ether, jusqu’à se reconnaître quelque part, avant même que leurs êtres de chair et de sang ne s’entrevoient l’un l’autre…

J’ai déjà lu Jo Frehel et j’aime sa plume délicate par la sensibilité qu’elle instille. Avec des mots simples, elle parvient à glisser toute l’émotion qui accroche le cœur. Si la vie à la française a peu de secret pour nous, en revanche, l’Inde est encore un mystère pour beaucoup. Pour ce roman qui se situe dans la 2e moitié du XXe siècle, Jo Frehel a fait un travail de recherches remarquable sur ce pays qu’elle connaît pour l’avoir visité et s’être imprégnée de sa Culture, un pays singulier où les hommes et les femmes appartiennent à des castes, de la plus basse à la plus haute, où la pauvreté engendre la pauvreté sans espoir autre que la résilience. Elle nous décrit avec force détails et néanmoins une pudeur subtile, la triste condition des femmes de basse caste à laquelle appartient Uma.

Parce que l’amour et la puissance de l’espoir sont les meilleurs armes pour contrer le malheur et la souffrance, je vous recommande « Traverser la nuit », car le jour succède toujours à la nuit, seul change ce que l’on fera de ce jour…

Quelques infos:

Jo Frehel sur Facebook

Jo Frehel sur Amazon 


Ses livres

 

 

Cet article a 3 commentaires

  1. JO FREHEL

    Je suis très touchée de cette lecture et de cette chronique sensible ! Merci mille fois pour ce retour.

    1. Dominique Guenin

      Merci Jo,
      J’ai vraiment aimé suivre la vie de tes personnages, quelle poésie!!

  2. JO FREHEL

    Une grand merci pour cette lecture sensible qui reflète totalement l’ouvrage.

Répondre à JO FREHEL Annuler la réponse