« Mané » de Laurie Wilbik et Ibrahima Kandé

Sujet:

Doundounba et Halima vivent à des milliers de kilomètres, le premier est Sénégalais, c’est un ancien enfant talibé, illettré, la seconde est Française, amoureuse des mots qu’elle veut faire vivre autrement que sur le papier. Cette distance va s’effacer grâce à la danse que l’un a dans la peau et l’autre dans un projet artistique.

Le pouvoir de l’Art, le connaissez-vous? 

Mon avis:

Lorsque la danse tisse un fil d’or entre deux âmes aussi éloignées l’une de l’autre qu’elles en sont plus proches d’autant, Mané c’est la magie de la vie, celle qui donne l’élan de la destinée artistique par la seule évocation d’un pas de deux.

Mané, c’est d’abord le recueil de la parole d’un homme du Sénégal, Doundounba, ancien enfant talibé, pauvre, illettré. C’est la plongée dans la noirceur de l’humain adulte qui exploite avec violence ces enfants dès l’âge de 5ans, sous couvert de leur apporter un enseignement religieux  quand leurs parents ne peuvent pas les envoyer à l’école.

Et puis, bientôt, jaillit la lumière quand la danse s’infiltre dans le corps de cet enfant devenu adolescent puis homme, dispersant à jamais des paillettes de bonheur et de liberté au cœur de sa résilience.

A des milliers de kilomètres, en France, Halima a eu une enfance heureuse et studieuse, entourée de ses parents, passionnée par les mots qu’elle cherche à sublimer autrement que sur le papier. Tout naturellement, la danse lui apparaît comme la véritable expression de sa poésie et elle ne vivra plus que pour concrétiser son rêve.

J’ai vibré dans l’attente de la rencontre de ces deux êtres qui n’avait d’évidence que celle de leur complémentarité, une osmose parfaite qui attendait sa consécration dans les mots de Halima et les mouvements de Doundounba.

Peu importe que Doundounba ne sache pas lire les mots de Halima, « il aime sa voix quand elle les lui lit », il sait d’instinct que la musique va les porter et que sa danse saura capter leur sens et leur profondeur.

Voici alors deux êtres portés par la passion d’un langage fort et beau, celui du corps qui parle entre les mots qui dansent.

*

Le style m’a un peu déroutée au début, car il est volontairement heurté, cru, rude, comme  la misère de l’enfance, la souffrance de la condition difficile des familles pauvres de Dakar. Mais, très vite, j’ai senti la pureté de ces phrases courtes, poignantes, insistantes, tant elles sont riches d’émotions. Et puis, l’hommage à la danse, des pages de beauté littéraire pour montrer au lecteur toutes les nuances du bonheur de danser comme un acte aussi vital que respirer, et l’amour de cet Art alors que se construit l’un des plus grands projets artistiques d’Halima, « coPeaux », un spectacle de poésie dansée avec Doundouba.

De somptueux poèmes sont glissés dans ce livre, extraits de « coPeaux ». L’un d’eux m’a particulièrement touchée. Il s’intitule tout simplement « Peau », une ode au sensitif et à la communion du corps dédié au mouvement. J’aimerais l’apprendre par cœur pour vous le réciter…

En attendant, je vous recommande vivement de lire ce livre des Éditions Red’Active

Quelques infos:

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Le site internet des Éditions Red’ Active:  

www.redactiveeditions.com


 

 

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