Sujet:
«En 1911, Marie Charrier, veuve, s’installe avec ses enfants, au Mont-Goguet, quartier populaire de Nantes. Renée, l’aînée des fillettes s’amourache rapidement de Charles…
En découvrant, presque par hasard, la correspondance de Charles et Renée, ses arrière-grands-parents en pleine Première Guerre Mondiale, Elizabeth Béridot s’est attachée à redonner vie à leur puissant amour dans une France meurtrie par cette terrible Guerre, au travers de leurs échanges épistolaires riches et poignants.»
Et si vous y plongiez vous aussi ?
Mon avis:
Si vous pensiez lire un énième ouvrage sur la Première Guerre Mondiale, vous n’y êtes pas du tout ! Ce récit est bien autre chose : il représente ce qu’est la nécessité de vivre, d’aimer, d’espérer et d’avancer toujours.
Si l’auteure nous explique, dans les premières pages, pourquoi et comment elle s’est lancée dans ce travail de reconstitution et de recherches sur cette période afin de pouvoir replacer l’innombrable correspondance de ces arrière-grands-parents dans le contexte, j’ai refermé ce livre en me disant ce cela aurait été une erreur de ne pas l’avoir écrit !
Pour sa sensibilité à chaque page, pour cet amour entre deux jeunes gens que rien ni personne ne pouvait « fissurer », pas même les horreurs de la Guerre, pour l’émotion que ces lettres ont provoqué en moi par leur simplicité qui marquait l’urgence de garder ce lien, d’envoyer des nouvelles et d’en recevoir, peu importe la manière parfois « gauche » de s’exprimer. J’en ai voulu à Renée parfois, pour ses mots blessants à Charles qui tardait à répondre alors qu’il était sous la mitraille. Mais la souffrance de l’un et de l’autre était réelle et n’était pas si différente finalement. Il fallait « vivre » malgré tout, malgré ce que chacun endurait, sur le Front ou dans son quartier loin des batailles certes, mais où la misère était aussi un combat qui s’étendait au fil des jours. Il faut saluer l’immense volonté du service postal de l’époque qui a permis de ne jamais briser le lien entre les soldats et leur famille à tout moment.
Ce livre est d’une grande « honnêteté » dans le sens où la correspondance de ces deux êtres est livrée telle que l’auteure l’a retrouvée. Elle n’a fait que la remettre dans le contexte historique sans en changer une virgule. Alors oui, ce livre est un roman qui parle de cette France en guerre, du point de vue de ces hommes et femmes qui l’ont vécue au quotidien. Il est une part de nous à laquelle on ne pense plus « parce que c’était il y a longtemps » et pourtant nous lui devons d’être là. C’est en lisant de tels ouvrages que l’on se sent « concerné », bien plus que les cours dispensés au lycée qui n’enfoncent dans nos crânes d’adolescents que le contexte politique, et jamais l’aspect purement humain.
Grâce à la plume magnifique d’Elizabeth Béridot, j’ai carrément sauté une centaine d’années pour me retrouver au Mont Goguet, tant la sensibilité de l’écriture m’a installée dans l’intimité de ce quartier, avec ces femmes qui travaillaient tout le jour au « bateau-lavoir » ou à leur machine à coudre, puis à la confection des munitions ; puis au Front et dans les tranchées avec ces hommes au combat que l’on suit comme si on y était, glaçant, terrible.
Un ouvrage-témoignage sensitif, riche et poignant,
mon premier « coup de cœur 2024 » que je vous conseille à plus de 200% !!
Quelques infos:
Elizabeth Béridot est publiée par les Éditions Red’Active
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