Mon avis:
Immiscez-vous sans scrupule dans la vie de Liang, car vous n’allez pas le regretter. Mieux ! C’est lui qui vous en prie…
Liang est un jeune garçon de 14ans, pauvre (dans le sens premier du terme), mais immensément riche de cœur, débordant d’une envie d’apprendre et de partager pour faire le bonheur autour de lui.
Une dizaine d’années de sa vie est racontée dans ce livre et va transformer cet enfant à jamais dans cette Chine du VIIIe, au temps de la Dynastie Tang, alors que Xuanzong (son règne : 713-756) est l’Empereur de l’Empire Céleste qui vit ses plus belles décennies.
Le pays est à son apogée et les caravaniers de la Route de la soie font escale à Chang’an, la Cité rayonnante où se déroule le récit de ce livre et où vit l’Empereur entouré de ses concubines, dont la Magnifique Yang Guifei.
Liang vit avec sa mère — son père est mort quand il était si jeune qu’il n’en a aucun souvenir. L’histoire commence alors que la mère de Liang est malade, le jeune garçon confectionne des petits gâteaux (des jiaozi) qu’il vend à des travailleurs sur un chantier à côté de chez eux. Il peut ainsi acheter des médicaments.
Alors qu’il souhaite travailler pour gagner plus d’argent et mieux subvenir aux besoins de sa mère, on lui conseille d’aller voir l’échoppe d’Abdul Mansour dans le quartier musulman, car il cherche un employé. Liang s’y précipite et est immédiatement embauché. Il va découvrir avec lui le métier mais aussi une Culture différente de la sienne. Leurs rapports vont devenir amicaux et Liang va très vite montrer son envie d’apprendre toujours plus.
C’est ainsi qu’il rencontre Mr Weng alors qu’il lui apporte une commande et cet homme va bouleverser sa vie.
Sentant le potentiel de ce jeune garçon, sa passion pour les lettres et les belles choses, il va lui offrir une chance inouïe de faire des études, en vue de briguer les très réputés et difficiles « examens impériaux ». Ils pourraient lui permettre d’intégrer la prestigieuse Académie de Hanlin Yuan et faire de lui un futur Lettré Impérial au service du « Fils du Ciel », l’Empereur Xuanzong, amateur de poésies, de Shanshui (ces peintures de paysages sur soie accompagnant un poème en belle calligraphie), de Musique et de bel esprit.
Au fil des pages, on est plongé dans la Chine Impériale de cette époque lointaine et ô combien lumineuse, avec force détails de la part de l’auteur qui connaît son sujet sur le bout des doigts.
Un travail de recherches absolument époustouflant !
Tout y est incroyablement exprimé avec simplicité et une grande poésie. Les lieux, les paysages, les saisons, même le souffle du vent, sont dépeints avec une minutie qui nous transporte sur place. Les personnages sont développés avec finesse et bienveillance, les détails comme les plats confectionnés pour les rituels et les fêtes, les vêtements, les innombrables règles et exigences du Protocole impérial, et les différents examens, sont décrits à la perfection.
J’ai été submergée par l’authenticité de ce récit. J’ai adoré suivre l’évolution de Liang, à ses côtés et avec ses amis rencontrés au cours de ces années, Xiao, Wu et Fang, tout aussi avides de connaissances que lui, persévérants, passionnés par leurs propres arts de prédilection et d’une modestie incroyable.
Une amitié indéfectible, faite de renoncement parfois, mais surtout de partage et de soutien de tous les instants, un précieux mélange de connaissances approfondies de cette période dans un pays lointain et de plaisir de la découverte à chaque page.
J’ai l’étrange impression d’y avoir été transportée par magie pendant tout le temps de ma lecture que j’ai dégustée avec délectation et de me retrouver à nouveau tout à coup en 2023, sans pouvoir me détacher tout à fait de ces personnages qui résonnent encore en moi comme des amis que j’aurais quitté la veille et que je reverrais bientôt.
« Le pin, le prunier et le bambou », ce sont les 3 vertus du Lettré : persévérance, intégrité, modestie
Un livre que je vous recommande absolument.