4e de couverture:
« Alice est une brillante critique gastronomique, mariée à un écrivain célèbre et à qui la vie a tout donné. Jusqu’au jour où, sans raison apparente, son corps commence à se couvrir d’étranges brûlures inexpliquées. Aucun médecin, aucun psychiatre ou marabout n’arrive à la soigner, ni même à identifier les causes de ces symptôme spectaculaires.
Grâce à la recommandation de l’éditeur de son mari, Alice obtient un rendez-vous chez un grand neurologue aux méthodes particulières. Lors d’une première séance de psychanalyse sous hypnose, Alice est victime d’un effroyable cauchemar : elle semble revivre le calvaire d’une adolescente disparue en 1937 dans d’étranges circonstances…»
Et si votre subconscient prenait le pouvoir?
Mon avis:
Un sujet audacieux traité avec brio… Difficile d’en parler sans spoiler…
Je dirais que la membrane qui sépare le présent du passé est si fine qu’elle devient transparente et laisse passer la lumière qui devrait éclairer la vérité sur l’état physique d’Alice, une jeune femme brillante et tout à fait saine d’esprit.
Pourquoi ces brûlures sur son corps et pourquoi sont-elles plus importantes à certains moments ? Alors que les consciences ne sont pas « paramétrées » pour accueillir l’incompréhensible, cette jeune femme sent que cette plongée dans le passé est sa seule chance de délier les fils de ce mystère. Mais cette volonté, ce besoin de comprendre à tout prix pourrait la conduire à tout inventer, peut-être.
Les images sont si précises et concrètes, elles nous emportent nous aussi, lecteurs, sur les traces d’un terrible événement survenu en mars 1937 que je ne révélerai pas ici bien sûr mais dont vous aurez connaissance rapidement en lisant le livre. Je dois dire que les coïncidences sont parfois très enrichissantes. Quelques jours avant de commencer la lecture de cet ouvrage, j’avais regardé un reportage à la télévision sur cet événement, décrypté et très bien documenté. J’ai eu l’immense plaisir de retrouver, dans le livre de Frank Leduc, nombre de détails découverts quelques jours auparavant lors de ce reportage. J’ai dévoré encore plus goulument ces pages. Et j’ai ressenti au fond de moi ce que Lisa a vécu en son temps, les pressions qui ont pesé sur elle, dues à sa position de jeune femme aryenne en cette Allemagne de 1937. J’ai aimé ses réflexions solitaires, sa sourde opposition à des « arrangements » où sa personnalité comptait moins que sa personne, sa prise de conscience sur la bêtise humaine (pour rester correct) qui stigmatise les différences physiques.
Alice, pour sa part, est restée un peu en retrait dans mon esprit de lectrice. Je la trouvais certes déterminée à comprendre, mais un peu artificielle, anodine. Jusqu’à ce que l’Histoire se charge de glisser des repères dans sa propre vie. Alors, tout s’est accéléré et je n’ai pas pu délaisser ce livre tant que je n’étais pas arrivée au mot FIN. J’ai voulu savoir… J’avais ma petite idée, mais l’impression que ça ne collait pas… Et Frank Leduc m’a menée par le bout de l’œil jusqu’au bout pour arriver à sa propre conclusion, l’unique et parfaite.
J’ai beaucoup aimé ce livre pour son sujet (j’ai un faible pour les retours dans le passé), le style (très agréable à lire et des mots qui nous projettent dans les décors avec un œil cinématographique et j’adore ça) et une histoire qui accroche du premier au dernier mot.
Mais, finalement, « qui est cette mystérieuse Lisa ? Est-elle réelle ou imaginaire ? Alice parviendra-t-elle à percer le secret de la mémoire du temps ? »